Nelson VS Webb : deux (belles) visions de l’humanité

Pour ce second VERSUS, nous partons à nouveau à la rencontre de deux amoureux des voyages et des rencontres. Depuis leurs débuts, nos artistes du jour ont peu à peu réussi à bâtir leur propre style. Ainsi, on reconnaît entre mille la « patte » de Jimmy Nelson sur ses clichés, qui font parfois penser à des toiles de maîtres. On arrive à sentir la chaleur des rues à travers les couleurs si profondes d’Alex Webb. Focus sur deux (belles) visions du monde.


Le philanthrope Jimmy Nelson

Né en Angleterre en 1967, Jimmy Nelson se prend très tôt de passion pour la photographie. Dès son adolescence, le britannique commence à photographier des lieux pour les garder en mémoire. En 1985, alors qu’il n’a que 19 ans, il quitte l’école et part seul en expédition au Tibet, avec un petit appareil. De retour de son séjour, et une fois ses photos parues, il se professionnalise. La photographie devient son métier.



Celui qui se considère davantage comme un artiste que comme un reporter a pourtant d’abord couvert des événements politiques majeurs. Mais à partir de 1995, ce sont bien les inspirations de l’artiste qui prennent le pas sur celles du photojournaliste. Cette année-là, il publie son premier livre Literary portraits of China, pour lequel il a parcouru la Chine trois années durant.



C’est fin 2009 que Nelson entame le projet de sa vie, inspiré par l’ethnologue Edward S. Curtis. Il se rend sur les cinq continents à la rencontre de tribus et peuples autochtones, qu’il va photographier dans leur environnement, à la chambre photographique car avec les appareils numériques dit-il, « on est tenté de mitrailler ». En 2013 donc, notre philanthrope publie Before they pass away (Avant qu’ils ne disparaissent). A travers ces 300 pages, Jimmy Nelson souhaite faire prendre conscience au monde se sa grande diversité. Il souhaite aussi faire passer un message d’acceptation, de fraternité envers ces peuples. Il réitère l’expérience en 2018, avec le magnifique Homage to Humanity, dans lequel on peut cette fois, en plus des clichés, retrouver des portraits écrits, des interviews des sujets et des histoires concernant leurs peuples.



Alex Webb, el Amexicano

Dès 1976, Alex Webb intègre la mythique agence Magnum. Seulement deux ans après avoir commencé à photographier professionnellement, le natif de San Francisco s’est donc très vite hissé aux côtés des plus grands. Intrigué et inspiré par les écrits de l’auteur Graham Greene sur le Mexique, le jeune Webb décide de s’y rendre lui-même. Ses interrogations se transforment vite en passion lorsqu’il découvre ce pays, extrêmement différent du sien, malgré leur proximité géographique. Porté par les ouvrages de Greene, c’est à cette même période que le photographe part en Haïti. Ces séjours vont l’amener à passer presque exclusivement du noir et blanc à la couleur, dans un souci de retranscription de l’atmosphère et de la culture de ces pays.



Comme aimanté par la face lyrique et mystérieuse du Mexique, il y retourne des années durant afin de mener à bien ses projets. Son premier livre sur le sujet ne paraît pourtant qu’en 2003. Crossings présente des séries shootées à la frontière mexicaine et donne le ton de ses ouvrages suivants. Dans le même temps, Webb commence à voir bon nombre de ses clichés publiés dans des journaux et magazines réputés tel que National Geographic ou le New York Times.



Ses photos naturelles, sans fioritures ni mises en scène, dégagent bien souvent de la simplicité et des ambiances planantes. En photographiant la vie des gens et l’animation des rues, Alex Webb réussit à transmettre, grâce aux couleurs, un panel de sentiments extrêmement large : de la nostalgie à l’amusement, en passant par l’espoir. Obsédé par l’Amérique Latine et les Caraïbes (Mexique, Cuba, Brésil, Haïti…) il passe tout de même en Turquie au début des années 2000. Un voyage duquel naîtra Istanbul : City of a Hundred Names, paru en 2007. Mais c’est en 2016 que son projet le plus emblématique voit le jour. La Calle : photographs from Mexico réunit plus de 30 ans de clichés (1975-2007).



L’un souhaite rendre compte de la diversité de notre monde, et il le fait de manière artistique et grandiose. Le second est plus spontané dans sa manière de travailler, il capture la réalité sur le vif, en laissant libre cours à l’imagination du spectateur. Alors, Nelson VS Webb, vous avez un avis ?

Par Nicolas ANTOINE – 22/03/2019 – VERSUS STUDIO SENZAL

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